L'Arabie saoudite en français

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L’Arabie saoudite et le roi Salman ayant soutenu financièrement et militairement la révolution algérienne contre la France

Le serviteur des deux nobles mosquées, le roi Salman ben Abdelaziz, fut le président de la commission principale de la collecte de fonds pour l’Algérie. Il vécut la période de la révolution algérienne, et il faisait parti des personnalités les plus importantes qui soutinrent et aidèrent la révolution algérienne dans toutes ses étapes. Et pour connaître les efforts fournis par cette commission, il est obligatoire de parler de la question algérienne et de la position du royaume d’Arabie saoudite envers elle.

L’Algérie a souffert de l’occupation française depuis 1830, et les Français ont usé de toutes sortes de brutalités et d’actions terroristes envers le peuple algérien qui résista à la colonisation depuis que cette dernière entra sur ses terres, par le biais de différentes révolutions dont les plus importantes furent la révolution d’Abd Al-Kader de 1831 à 1847, la révolution des tribus en 1851, la révolution des oasis du sud en 1855, la révolution des Awled Sidi Al-Cheikh dans le sud en 1863, la révolution d’Al-Moqrani en 1870, et la révolution des Aurès en 1916 (1).

Après ces révolutions et les tentatives de l’occupant français pour effacer l’identité algérienne et faire la guerre à la culture arabo-musulmane, la révolution algérienne commença début novembre 1954 (2). Celle-ci s’étendit aux principales villes et villages algériens, ce qui attira l’attention du monde sur l’Algérie et le peuple algérien qui se révolta pour défendre sa liberté et son indépendance (3).

Le royaume d’Arabie saoudite eut de l’intérêt pour la question algérienne avant que ne débute la révolution, et ce, lorsque le front de défense de l’Afrique du Nord présenta une note d’un document historique au roi Abdelaziz lorsqu’il visita l’Égypte en 1946, via le président du front, le cheikh Al-Khidr Houssayn, et son secrétaire le cheikh Al-Foudayl Al-Ouartilani (4).

La révolution algérienne survint un an après la mort du roi Abdelaziz. Son successeur le roi Saoud ben Abdelaziz s’empara alors de la question algérienne, et il chemina sur la voie de son père le roi Abdelaziz dans le soutien à la justice. La période de son règne coïncida avec la période de la lutte armée, et qui était ainsi la plus importante des étapes de la lutte du peuple algérien contre le colonisateur français (5). Le glorieuse position qu’avait pris le roi Saoud en apportant un soutien matériel, moral, politique et diplomatique à la révolution algérienne, eut un effet considérable en menant la question algérienne à l’échelle mondiale lors des rencontres internationales, et donna lieu à un soutien militaire permettant une lutte armée. La position saoudienne fit du royaume l’acteur arabe principal aux côtés de l’Égypte dans le soutien à la question algérienne. Nous retrouvons cela dans une déclaration du roi de Jordanie, le roi Houssayn, lorsque ce dernier dit au cheikh Ahmad Tawfiq Al-Madani : « Vous êtes appuyés par deux piliers que sont l’Égypte et l’Arabie saoudite, suivis par la Syrie et l’Irak. Et soyez donc persuadés que dès lors que vous augmenterez vos efforts, leurs soutiens augmenteront nettement aussi ! » (6).

En 1955, le roi Saoud ben Abdelaziz appela à intégrer la question algérienne dans l’ordre du jour de l’Organisation des Nations Unies, afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la lutte du peuple algérien pour son droit à l’indépendance et à la liberté. La délégation saoudienne, ainsi que les membres des délégations arabes, africaines et asiatiques se rencontrèrent avec les autres membres de l’ONU dans l’assemblée générale des Nations Unies afin de soutenir la position saoudienne (7).

L’Arabie saoudite sacrifia également ses relations cordiales avec la France au profit de la question algérienne. En 1958, le roi Saoud ben Abdelaziz interpella Dag Hammarskjöld, secrétaire général des Nations Unies, lui disant ainsi : « Nos relations politiques avec la France sont suspendues tant qu’une solution n’est pas trouvée à la question algérienne. » (8).

Vers la fin du mois d’octobre 1956, le roi Saoud ben Abdelaziz appela le peuple saoudien à participer à la collecte de fonds afin d’aider leurs frères en Algérie pour résister à l’occupant français. Le roi fit alors don d’un million de riyals, et les dons atteignirent 2 201 000 riyals le premier jour (9).

En 1958, le roi Saoud annonça qu’il fera du 15 du mois de cha’ban de chaque année le « jour de l’Algérie », durant lequel le peuple saoudien fera des dons d’argent afin d’aider le peuple algérien dans sa lutte pour la libération de son pays contre la colonisation française (10).

Suite à ce soutien constant de l’Arabie saoudite à l’Algérie, l’émir de Riyad et président de la commission principale de collecte de fonds pour l’Algérie, le prince Salman ben Abdelaziz, appela au début du mois d’avril 1960 à collecter en une semaine toutes sortes de dons en argent et en nature, et il lança un appel dans lequel il signala les horreurs et les crimes commis par l’occupant français envers le peuple algérien, et que des dizaines de milliers de victimes vivaient dans des conditions déplorables, la plupart d’entre elles étant des femmes, des personnes âgées et des enfants n’ayant plus où se loger et de quoi se nourrir.

Suite à cet appel, une délégation algérienne présidée par le vice-Premier ministre algérien Karim Belkacem, arriva à Djeddah dans un avion saoudien, au milieu du mois d’avril 1960. Par la suite, cette délégation se rendit à Riyad afin de rencontrer le roi Saoud qui affirma son soutien à la question algérienne, qu’elle était la première cause défendue en Arabie saoudite, et que les aides fournies par le royaume sont un devoir envers l’Algérie et son peuple (11).

Cette commission principale de collecte de fonds pour l’Algérie basée à Riyad était donc présidée par l’émir de la région de Riyad, Salman ben Abdelaziz, qui supervisa le déroulement des différentes branches de la commission présentes dans les régions, provinces, villes et villages partout dans le royaume, et qui réunissait donc les dons collectés par les branches de la commission (12).

Le gouvernement du royaume d’Arabie saoudite reconnu la République arabe algérienne via le prince héritier saoudien et Premier ministre, le prince Faysal ben Abdelaziz Al Saoud, qui envoya un message le 20 septembre 1958 au Premier ministre du gouvernement provisoire de la République algérienne, Farhat ‘Abbas (13).

L’indépendance de l’Algérie fut proclamée le 03 juillet 1962, et les villes saoudiennes fêtèrent cette victoire algérienne, et ainsi débutèrent les échanges diplomatiques entre le royaume d’Arabie saoudite et la République arabe algérienne (14).

Le soutien et l’aide de l’Arabie saoudite ne s’arrêta pas avec la fin de la colonisation et le succès de la révolution algérienne, mais il perdura aussi après l’indépendance. Lors d’une réunion du Conseil de la Ligue arabe tenue en 1962 à Riyad, le roi Saoud ben Abdelaziz félicita le cheikh Ahmad Tawfiq Al-Madani et la délégation algérienne, et il leur dit devant les autres délégations présentes : « Tout comme je fus la première personne à faire un don pour l’Algérie battante, je serai également la première personne à faire un don pour l’Algérie indépendante. J’ai donc ordonné en cela de déposer un milliard de francs immédiatement dans votre compte, et j’espère que les autres frères feront de même. » (15).


1. AL-ALOUSSI Djamal Al-Din. L’Algérie, pays à 1 million de martyrsالجزائر بلد المليون شهيد. Publication de la République. Alger. 1970. Page 16.

2. AL-MADANI Ahmad Tawfiq. C’est celle-là l’Algérieهذه هي الجزائر. Librairie de la renaissance arabe. Le Caire. 1956. Page 193.

3. RACHID Ahmad Isma’il. Histoire de la politique récente et contemporaine des pays du maghreb arabe تاريخ أقطار المغرب العربي السياسي الحديث والمعاصر. Maison de la renaissance arabe. Beyrouth. 2004. Page 166.

4. AL-OUARTILANI Al-Foudayl. L’Algérie révolutionnaireالجزائر الثائرة. Maison de la guidée. Aïn Mlila. 1992. Page 276.

5. MARAH Mouhammad Abd Al-Karim. La position du roi Saoud ben Abdelaziz Al Saoud vis-à-vis de la question algérienne – موقف الملك سعود بن عبد العزيز آل سعود من القضية الجزائرية. Quatrième numéro du magazine de la fondation du roi Abdelaziz pour la recherche et les archives. Riyad. 2006. Page 241.

6. AL-MADANI Ahmad Tawfiq. Une vie de lutteحياة كفاح. Société nationale pour la publication et la distribution. Alger. 1982. Page 36.

7. JOURNAL MECQUOIS OUM AL-QORA. Numéro 1585. 7 octobre 1955. Page 1.

8. DABBACH Isma’il. La politique arabe et les positions internationales vis-à-vis de la révolution algérienneالسياسة العربية والمواقف الدولية تجاه الثورة الجزائرية. Dar Houma. Alger. 1999. Page 78.

9. JOURNAL MECQUOIS OUM AL-QORA. Numéro 1639. 2 novembre 1956. Page 4.

10. JOURNAL MECQUOIS OUM AL-QORA. Numéro 1702. 24 janvier 1958. Page 1.

11. AL-JA’AFIRA Ikhlas Bakhit et AL-NA’IMAT Khadija. La position du royaume d’Arabie saoudite vis-à-vis de la révolution algérienne entre 1954 et 1962 via le journal saoudien Oum Al-Qora – موقف المملكة العربية السعودية من الثورة الجزائرية. Magazine jordanien Histoires et vestiges, tome 6, numéro 3. 2012. Page 93.

12. JOURNAL MECQUOIS OUM AL-QORA. Numéro 1721. 13 juin 1958. Page 4.

13. JOURNAL MECQUOIS OUM AL-QORA. Numéro 1736. 26 septembre 1958. Page 1.

14. AL-JA’AFIRA Ikhlas Bakhit. Référence précédente. Page 98.

15. AL-MADANI Ahmad Tawfiq. Une vie de lutte – حياة كفاح. Référence précédente. Page 338.


Lien de l’article original publié le 30 avril 2017 sur le site du quotidien arabophone saoudien Al-Jazirah [arabe]

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