Avant d’aborder les révélations du mollah Karroubi dans la deuxième partie de cet article, il est important de connaître certains événements passés afin de mieux saisir ses propos.
Rappel historique :
La rivalité sunnite chiite ne date pas d’hier comme pourraient le penser certains. Les origines de cet antagonisme remonte en effet au début de l’Islam. Comme l’attestent les historiens musulmans et comme il a été repris dans l’encyclopédie juive en ligne, le fondateur du chiisme fut Abdallah ibn Saba, un juif d’origine yéménite. Ce dernier avait été à l’origine d’une importante scission au sein de la communauté musulmane en ayant fait croire que le dernier calife bien-guidé, Ali ibn Abi Talib, était l’incarnation de Dieu sur terre et le seul calife légitime après la mort du Prophète de l’Islam. Suite à cela, le calife Ali ibn Abi Talib décima les partisans de ce Abdallah ibn Saba en en brûlant certains et en expulsant ceux qui restaient. Cette périlleuse entreprise conçu par Ibn Saba était très certainement contraire à l’Islam qui enseigne qu’aucune créature ne dispose d’un quelconque caractère divin menant par conséquent à son adoration. C’est depuis donc l’apparition de ces troubles que la rivalité sunnite chiite perdure, les uns voulant préserver le monothéisme et la tradition prophétique authentique, les autres voulant introduire le paganisme dans l’Islam avec tout son lot d’hérésies.
Khomeini l’inspirateur :
Depuis la prise de pouvoir de Khomeini en Iran en 1979 et l’établissement du premier état chiite de l’ère contemporaine, on ne dénote plus les discours belliqueux des imams chiites envers l’Arabie saoudite ainsi que les multiples tentatives de déstabilisation de ce pays. Et Khomeini n’y est évidemment pas pour rien ! D’ailleurs le savant chiite irakien Hussein al-Moussaoui rapporte dans son livre Pour Allah puis pour l’Histoire une confidence que lui avait fait Khomeini en 1979 après son arrivée à Téhéran : « Et lors d’une assise privée en compagnie de l’Imam -Khomeini-, ce dernier me dit : « Monsieur Hussein, le temps est venu de mettre en pratique les recommandations des Imams, que les éloges d’Allah soient sur eux. Nous verserons le sang des sunnites, nous tuerons leurs fils et nous laisserons en vie leurs femmes. Nous ne laisserons aucun d’eux échapper à la sanction. Leurs biens seront réservés aux partisans de la famille du Prophète. Nous effacerons la Mecque et Médine de la surface de la terre car ces deux villes sont devenues la forteresse des wahhabites. Il est impératif que Kerbala devienne la terre sainte et bénie d’Allah, et la seule direction vers laquelle les musulmans s’orienteront pour leurs prières. Ainsi nous réaliserons le rêve des Imams. Nous avons passé de longues années à œuvrer pour la fondation de cet état, il ne reste désormais qu’à mettre à exécution !! »» (éd. égyptienne Dar Ibn al-Jawzi, p.84).
En effet, le chef de la révolution iranienne appelait clairement dans ses ouvrages à la révolution dans les pays arabes dont il accusait de mécréance tous les chefs d’état sans exception. Et à la pointe des dirigeants musulmans il plaçait la famille Al Saoud pour qui la haine et les malédictions n’avaient pas d’égal : « … en ce siècle, siècle de l’oppression du monde musulman par l’Amérique, l’Union soviétique et tous ceux qui leur sont liés, dont la dynastie des Sa‘ûd, ces traîtres au grand sanctuaire divin [de La Mecque] — que les malédictions de Dieu, de Ses anges et de Ses messagers soient sur eux —, que [cette situation] soit sans cesse rappelée avec force malédictions et imprécations ! » Déjà en 1971 alors qu’il était en exil politique en Irak, des tracts circulaient en son nom à la Mecque. « Ses messages » destinés aux pèlerins les invitaient à profiter du pèlerinage pour se rencontrer et se rapporter les problèmes que chacun rencontrait dans la communauté musulmane et dans son propre pays. Par cette occasion, lui faisait savoir son rapport sanglant sur l’Iran qu’il décrivait comme étant une base militaire d’Israël et par extension des Etats-Unis. Huit ans plus tard, il prenait les commandes de l’Iran, pour ainsi réitérer le même procédé visant un certain pays du Golf. Les relations commerciales qui liaient les Etats-Unis d’Amérique à l’Arabie saoudite depuis de longues années étaient un prétexte pour Khomeini pour faire passer les saoudiens pour des traitres à la solde des américains. Pourtant cela n’avait pas empêché Khomeini d’acheter par la suite des armes aux américains par l’intermédiaire des israéliens, déclenchant ainsi le scandale politique connu sous le nom de Iran-Contra.
Exécution des plans :
C’est alors que les années 80 connaitront plusieurs crises lors des pèlerinages. Les cadres de la révolution iranienne voyaient dans ces pèlerinages une opportunité pour faire passer leur message politique au maximum de personnes du monde entier. En effet, au vu des méthodes utilisées et des conséquences résultées, on en déduit qu’ils avaient deux objectifs :
1. exciter les foules avec des messages de haine à dessein de semer le chaos et la confusion.
2. engendrer des crises politico-diplomatiques afin de déstabiliser la région.
Malgré les prescriptions de l’Islam sur le caractère sacré des lieux saints de l’Islam, les agents iraniens restaient focalisés sur leurs objectifs politiques au lieu de vivre leurs rites avec foi et respect :
– 1981 : des pèlerins iraniens chantent des slogans politiques hostiles dans les deux Grandes Mosquées -Médine et la Mecque-. Intervention de la sécurité saoudienne et affrontements dans la mosquée de Médine (1 mort iranien).
– 8 octobre 1982 : expulsion du chef des pèlerins iraniens (Mohammad Moussaoui Khoeniha) à la Mecque avec plus de 140 Iraniens, après des manifestations anti-israéliennes.
– septembre 1983 : une cinquantaine de personnes sont blessées, selon l’agence iranienne IRNA, dans des manifestations anti-américaines et anti-sionistes.
– 22 août 1985 : quelque 150.000 pèlerins iraniens manifestent à la Mecque et lisent un message aux musulmans de l’ayatollah Khomeini. Plusieurs sont interpellés.
– 8 août 1986 : interpellation de 103 pèlerins iraniens à leur arrivée à l’aéroport de Djeddah pour «raisons de sécurité». Des explosifs sont saisis. Accusés aussi de transporter des photos de Khomeiny et des tracts, ils seront libérés le 28 août.
– 31 juillet 1987 : «vendredi noir» à la Mecque, où des pèlerins iraniens manifestant contre les Etats-Unis s’opposent violemment aux forces de l’ordre saoudiennes près de la Grande Mosquée. Bilan: 402 morts, dont 85 Saoudiens et 275 Iraniens, et 649 blessés.
– 9 juillet 1989 : double attentat à la bombe à La Mecque (un mort, 16 blessés). Les 16 chiites coupables seront exécutés.
Fin mot de l’histoire :
Dans la vision de ces révolutionnaires, pour atteindre leurs « ennemis déclarés parmi les puissances occidentales », il faut avant tout abattre leurs partenaires arabes.
D’ailleurs au Moyen-Orient il-y-a un slogan très connu qui avait été lancé par Khomeini, et qui sera repris plus tard par les chiites yéménites et iraniens : « Allahu Akbar ! Mort à l’Amérique ! Mort à Israël ! Malédiction aux juifs ! Victoire à l’Islam ! »
En somme, une politique belliqueuse de façade avec certains, dans le but d’atteindre ceux à qui ils font les yeux doux !